Dimanche 1 mars
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Article de Samuel Degasne http://degasne.over-blog.com/
Contraction de zeinshin taitsu,
le Zentaï est une pratique gentiment BDSM (Bondage Discipline Soumission Sado/Masochisme) entre le déguisement du cosplay et la personne objet. Les participants y utilisent une combinaison (la
plupart du temps en élasthanne) dont la cagoule est fermée. Rien d’inhabituel jusque là dans le monde des effets spéciaux, les marionnettistes ou en danse académique. Mais c’était sans compter sur
les fétichistes japonais qui décidèrent d’intégrer ces vêtements moulants et ces visages sans expression dans leurs préliminaires.
Ici, pas de pénétration, ni de personnalisation du fantasme. Il est difficile de deviner l’identité de l’autre, même si certains peuvent laisser libres les yeux, la bouche, les mains ou les pieds.
Chacun part à la (re)découverte de l'autre. L’anonymat y côtoie un semblant d’humanité. Les formes sont exacerbées et seul le corps devient le centre d’attention. On se frotte. On touche. On
caresse cette seconde peau qui décuple la sensation du toucher. Et loin de ne s'arrêter qu'aux matières, l’environnement même peut participer à l’érotisation. Certaines tenues sont fluos et intégrales, donnant à l’ambiance des airs de réunion Tupperware pour fan de masturbation en lycra ou spandex dans un décor du
film « Tron ». D’autres portent des vêtements pour simuler la vie réelle (cf
photo ci-joint) dans un esprit se rapprochant de la maison de poupées grandeur nature.
Mais bien qu’intrigant, le Zentaï apparaît comme une valeur sécuritaire pour ses participants. C’est l’action de livrer son corps sans dévoiler son âme. Se soumettre à l’approbation de chacun, sans
aucun a priori familier ou identitaire. Car certains profitent justement de l’occasion pour changer de sexe, s’attribuant de faux seins ou des courbes supplémentaires. Un jeu de rôles qui rappelle
certains Internautes prenant un pseudo du sexe opposé. Car effacer son identité permet une fois pour toute d’oser davantage et d’oublier à la fois sa morale, son statut ou son
passé.
Et, il y a bien sûr une part de latence non négligeable dans le Zentaï. Une frustration volontairement domestiquée, contraignant majoritairement l’exercice au refus d'un acte sexuel complet. C’est
donc tout autant une redécouverte sensorielle qu’une pratique érotique atypique, même si, à l’origine, les réunions de groupe n’incluaient pas cette notion orgasmique actuelle. En tout cas, le
Zentaï est tellement à la mode, de part sa dimension esthétique et son nombre d’adhérents en hausse, qu’il en a dépassé le simple stade des soirées coquines. En effet, c’est au tour de la vidéaste
hollandaise Joanneke Meester de l’intégrer à l’Art, et au groupe anglais Muse d’en faire l’étendard de son clip « Supermassive Black Hole ». Une preuve de plus, somme tout classique, du
buzz universel dont bénéficie la pratique.
Par Thomas Bizut
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Publié dans : Lycra / Spandex
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